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Les « Big Techs » et la politique climatique
Les géants de la technologie déploient-ils du « capital politique » sur le changement climatique ?
Un rapport d’InfluenceMap – Janvier 2021
Titre original : « Are the Technology Giants Deploying Political Capital on Climate Change? » – Traduction française : Erick Mascart, avec l'aide de DeepL – 07/01/2022
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Les cinq grandes entreprises technologiques (Apple, Alphabet, Amazon, Facebook [maintenant Meta] et Microsoft) représentent plus de 25 % de la valeur de l’indice S&P500 et 20 % de ses bénéfices au troisième trimestre 2020. Elles se sont considérablement développées pendant la pandémie de COVID, Amazon ayant à elle seule créé près d’un demi-million d’emplois dans une « vague d’embauche sans précédent ». Cette concentration sans précédent de pouvoir économique et financier s’accompagne de la capacité d’influencer la politique gouvernementale.
Ce rapport montre qu’en dépit de solides engagements de premier plan en faveur du climat de la part des grandes entreprises technologiques, celles-ci ne déploient pas stratégiquement leur influence considérable sur la politique gouvernementale pour soutenir une politique climatique indispensable. En outre, toutes restent membres de puissants groupes intersectoriels – dont la Chambre de commerce américaine, la National Association of Manufacturers, BusinessEurope et la Japan Business Federation – qui continuent tous à faire pression contre les mesures contraignantes nécessaires pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.
Alors que les cinq grandes entreprises technologiques sont toutes très positives sur leurs propres programmes climatiques – en termes de réduction des émissions de leurs opérations, de leurs chaînes d’approvisionnement et de leurs produits – leur engagement en matière de politique climatique semble ad hoc. Il s’est concentré sur les règles techniques permettant aux entreprises d’acquérir des énergies renouvelables directement associées à leurs opérations/engagements. Leur lobbying contraste avec l’engagement stratégique des leaders de la politique climatique comme Unilever, qui défend une série de politiques à l’échelle mondiale avec pour objectif clair d’inciter les gouvernements à agir de manière plus ambitieuse pour atteindre l’objectif de 1,5° C fixé à Paris. Il contraste également avec les majors pétrolières comme ExxonMobil qui s’engagent également de manière stratégique, mais négative, pour retarder ou bloquer les mesures de politique climatique alignées sur Paris dans le monde entier.
Cette étude montre que les grandes entreprises technologiques ne semblent pas assortir leur énorme empreinte économique d’un soutien stratégique correspondant à une action gouvernementale forte pour mettre en œuvre l’accord de Paris. Cela représente une occasion manquée pour le leadership des entreprises en matière de politique climatique. Elle est aggravée par leur silence persistant sur le lobbying négatif pour le climat entrepris par les puissants groupes industriels intersectoriels qui les représentent, comme la Chambre de commerce américaine et BusinessEurope.
Il est donc possible, sur la base des informations publiquement disponibles, que l’engagement positif mais limité des « Big Techs » soit annulé par l’impact négatif de ces groupes commerciaux. En d’autres termes, les grandes entreprises technologiques pourraient avoir une influence nette nulle sur la politique climatique. Les gouvernements du monde entier ont besoin d’un signal clair de la part du secteur des entreprises, indiquant que les réglementations climatiques sont nécessaires et qu’elles seront bien accueillies. À l’heure actuelle, ce signal de la part des Big Techs n’est pas clair. Les entreprises soutiennent les objectifs climatiques de haut niveau à long terme et certaines réglementations énergétiques isolées, mais les puissants groupes de pression auxquels elles appartiennent s’opposent largement à toute mesure contraignante immédiate sur le climat. Il est urgent de remédier à cette déconnexion pour encourager les décideurs politiques à agir.
Les cinq entreprises technologiques ont été contactées par InfluenceMap et ont reçu les résultats de l’analyse de leur lobbying, avant publication.
L’ONG InfluenceMap, basée à Londre, se définit comme un « Un groupe de réflexion indépendant qui produit des analyses fondées sur des données concernant l’impact des entreprises et de la finance sur la crise climatique ».
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Il est à noter que l’ONG InfluenceMap a aussi produit un autre rapport en août 2021 sur la question des publicités diffusées par les industries pétrolière et gazière sur les réseaux sociaux. Cette étude est intitulée « Changement climatique et publicité numérique – La stratégie de publicité numérique de l’industrie pétrolière et gazière ».
Quelques articles faisant référence à ce rapport d'InfluenceMap :
- « Les publicités pro énergies fossiles explosent sur Facebook » [fr] – Marine Godelier – La Tribune – 06/08/2021
- « Facebook let fossil-fuel industry push climate misinformation, report finds » [en] – Chris McGreal – The Gardian – 05/06/20211)
Les principaux éléments de ce rapport d’août 2021 sont à découvrir sur InfluenceMap.org [en]
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